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Biographie

phare d'Eckmühl, Penmarc'h, Bretagne, France

Le phare d'Eckmühl et les 295 marches de son escalier  à Penmarc'h,  Bretagne, septembre 2015. J'ai une fascination pour les spirales.

À la fin de mon secondaire, je me suis inscrite en arts plastiques par défi. Qualifiée de «bollée» (mais mes résultats découlaient d’un travail assidu, et non d’un don inné), j’étais destinée à poursuivre mes études en sciences. Mais cela ne me disait rien. J’aurais eu l’impression de répondre aux attentes des autres (mon père, mes professeurs), pas aux miennes. Alors, j’ai pris le risque de me tromper en choisissant les arts. Au pire, me disais-je, redoutant le terrible «j’aurais donc dû», je n’aurai perdu qu’une ou deux sessions, si cette orientation ne me convenait pas; ou plutôt: si mon talent n’était pas à la hauteur de mes prétentions…

Pour être franche: j’en ai arraché. Au collégial, passe encore. Mais à l’université, ce fut vraiment… douloureux, psychologiquement. Je voulais tellement réussir (un conditionnement de longue date)! Ce désir immense de me distinguer était jumelé à un gouffre tout aussi démesuré, celui de mon manque de confiance en moi. 

coquillage spiralé

À la fin du bac, si plusieurs collègues se dirigeaient vers la psychopédagogie, en vue d’enseigner les arts plastiques en échange d’un revenu décent, j’ai préféré poursuivre mes études théoriques, cette fois en philosophie (de l’art), en histoire (de l’art) et en anthropologie (…de l’art!). 

Je me suis dé-lec-tée! D’abord, parce qu’en tant qu’étudiante libre, je n’avais pas de comptes à rendre à qui que ce soit (programme ou professeur). Ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas travaillé dur! En fait, je bûchais tellement (et embrassais trop large en fonction du temps alloué), qu'il m'est arrivé de réclamer un délai pour mes travaux longs, moi pourtant si respectueuse des échéances. Je ne savais pas encore que ces exercices de recherche et d’écriture allaient m’amener au journalisme. Mais j'anticipe. Avant, il m’a fallu répondre à cette envie irrépressible d’aller voir en vrai ce que j’avais toujours vu dans les livres ou sur diapositives.

Lors de ce séjour de six mois en Europe, à 24 ans, j’en ai visité des expositions et des musées (et même des grottes rupestres!). Surtout à Paris, où j’ai eu la chance d’avoir un pied-à-terre chez des amis, mais aussi à Londres, Barcelone, Madrid, Antibes, Perpignan… Et j’en ai rapporté, des beaux livres et des catalogues permettant de prolonger ma réflexion. 

Toutefois, à mon retour, la situation de l’emploi au Québec était plutôt désastreuse, avec un 13% de chômage. Que faire avec ce bagage?

Je vais prendre un raccourci ici pour dire que «la vie» m’a fait cadeau d’un remplacement temporaire à la couverture des arts visuels au quotidien Le Soleil. Terrorisée, ma petite voix intérieure criait: «Je ne serai jamais capable de faire ça!!!!». Mais je me suis lancée. Et ça a duré une douzaine d’années. Dès que la direction du journal a senti que j’étais capable d’être autonome dans mes choix de sujets, j’ai abordé la critique des expositions à Québec (et ailleurs) un peu comme un missionnariat à l’endroit de l’art actuel, ce mal-aimé du grand public. Moi-même incomprise par mes parents et amis dans mes choix esthétiques à l’université, j’ai tenté de démystifier les différents langages plastiques proposés par les créateurs, notamment en donnant la parole à ces derniers. Ainsi, je fréquentais davantage les centres d’artistes (en croissance) et les galeries d’art contemporain (plutôt rares à Québec) que les lieux diffusant de l’art traditionnel. 

J’ai fait de belles rencontres, vraiment! Toutefois, ce travail peu rémunéré (comme tout ce qui concerne la culture, hélas), ne me permettait vraiment pas de subsister, en dépit des heures que je lui accordais (et aussi de la reconnaissance que j’acquérais dans le milieu). Ma fréquentation des locaux du Soleil (je n’avais pas de dactylo décente à la maison...) a fait en sorte que les journalistes en place ont appris à me connaître et de fil en aiguille, on m’a proposé de faire partie de l’équipe de rédaction du quotidien. Ne bénéficiant pas d’une formation en journalisme, disons que j’ai mis les bouchées doubles, sinon triples. J’ai découvert un univers - celui de l’information - auquel je ne pensais jamais participer. J’y ai fait de la mise en page, du reportage, de l’infographie, de la mise en ligne pour le web, ainsi que de la coordination et de la formation. Mais plus j’avançais dans cette carrière exigeante, moins je pouvais m’investir dans la réflexion sur l’art, faute de temps (car ça en prend, du temps, pour réfléchir et communiquer de façon nuancée). Aussi, la sollicitation incessante du milieu de l’art devenait à mes yeux trop lourde à porter, tandis que mon employeur exigeait des textes plus succincts et portant sur plus d’une exposition à la fois. Le saupoudrage de noms et de lieux, ça n’a jamais été mon fort.

coquillage spiralé

Ce coquillage spiralé, ramassé je ne me souviens plus où, m'a souvent servi de modèle.

Un autre coquillage de ma petite collection qui stimule ma curiosité.

esquisse d'oreille par Marie Delagrave, graphite, crayons de couleur et aquarelle sur papier

Esquisse d'oreille, 2017.

Graphite, crayons de couleur et aquarelle sur papier 14 x 20,5 cm 

Ancre CVs

Plutôt désabusée, j’ai passé le flambeau, comme on dit. Ça n’a pas été une décision facile et retomber dans l’anonymat (je n’étais plus «utile», dans le milieu), une douche plutôt fraîche. Cette remise en question m’aura quand même permis de renouer avec mes propres aspirations, que j’avais trop longtemps délaissées. Ainsi je me suis remise plus intensément à la photographie en nature, dont le contact me manquait bien plus que je le soupçonnais.

Ce n’est toutefois qu’au moment où j’ai décidé de mettre un terme - le jour de mon 58e anniversaire - à ma carrière en journalisme (pour des raisons de santé mentale, je ne m’en cache pas), que j’ai pu retrouver la disponibilité d’esprit pour créer. Enfin!

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