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Photo du rédacteurMarie Delagrave

Méta-morphoses


Je crois que c’est la première fois que je trouve mon titre de billet avant la rédaction de celui-ci! Méta-morphoses: j’ai choisi le trait d’union, bien que le mot existe sans, car il marque mieux la polyvalence de sens que je désire qu’il exprime.


Le préfixe méta (que l’on redécouvre parce que devenu, sans accent, le nom de la maison-mère de Facebook) «exprime tout à la fois la réflexion, le changement, la succession, le fait d'aller au-delà, à côté de, entre ou avec» (Wikipédia). Il signifie aussi à propos, ce que j’aime bien en l’accolant à morphose, dont la définition du Larousse est: «Transformation progressive d'une image en une autre par traitement informatique». Peut-être avez-vous déjà lu ou vu le mot morphing? C’est la même chose.


Ça m’a toujours fascinée au cinéma ou à la télé, ce phénomène où un personnage (souvent un extraterrestre!) se transforme en une autre entité. On voit alors son visage se déformer comme une motte de glaise que l’on étire ou comprime…


Encore inspirée par ma «collection» d’oreilles, j’ai voulu soumettre mes dessins numériques à ce phénomène, afin de mettre en valeur, différemment, la variété de leurs formes. Mais comment faire?


J’ai trouvé deux vidéos dans Internet portant sur le sujet, mais pas vraiment dans l’esprit que je recherchais. La difficulté rencontrée: la durée. Les transitions Flux (leur nom dans le logiciel Final Cut) sont destinées à assouplir le passage entre deux plans similaires qui ont été édités pour une raison de contenu (par exemple enlever des phrases inutiles lorsqu’une personne parle à l’écran). C’est conçu pour être court et quasi imperceptible visuellement. Alors que moi, je voulais qu’on assiste à la transformation, qu’elle se déploie sous nos yeux. J’ai donc augmenté la durée du processus entre chaque dessin. Mais ça ne pouvait pas être aussi simple, on dirait. Du moins, en regard de mes connaissances actuelles.


Est-ce parce que le rendu (l’apparence à l’écran) est exigeant pour l’ordinateur et le logiciel que j’ai eu de la difficulté à obtenir l’effet que je désirais? Les images avaient tendance à se tordre et à se recroqueviller dans le coin inférieur droit! Mais j’ai eu le réflexe de vérifier en exportant mon animation comme si elle était terminée: ah-ah! Le résultat était bien plus satisfaisant. Il y avait comme des petites bavures en bas de quelques images (cette fois, dans la partie inférieure gauche; pourquoi???), mais je suis parvenue à les dissimuler avec des masques (une technique que j’apprivoise). Mission réussie avec ma série d’oreilles droites!

Appliquer le même procédé pour les oreilles gauches a rencontré le même «succès», et ce plus facilement encore… mais sans explication logique: cette fois, pas de racornissement du format ou de bavure à corriger. Les mystères du numérique peuvent être souvent insondables…

À vous de voir maintenant ce que ça donne (moi, ça m’impressionne!).





Intermède


Parallèlement à ces expérimentations, j’ai poursuivi mes formations virtuelles. Il y a

en a une qui percole encore dans ma tête: celle de Marketing créatif et collaboratif pour artistes, offerte par le Conseil de la culture de la région de Québec.


Déjà, le mot «marketing» avait tendance à me faire bailler, mais ma curiosité l’a emportée sur mes préjugés.


C’est bien connu: les artistes n’apprécient avoir à se vendre, préférant de beaucoup la création en atelier à la paperasse, la comptabilité, le démarchage. Sauf que. Si on veut se faire connaître, être diffusé, être financé, cela demande la plupart du temps des collaborateurs ou des partenaires. Non seulement faut-il les dénicher et les séduire (!), on se doit de capter l’attention du public dans un contexte de «bruit» ambiant et constant: tout le monde est hyper sollicité de toutes parts. Comment se distinguer dans tout ce brouhaha? C’est là qu’intervient le marketing à impact social, soutient le formateur Philippe Larose Cadieux (pdg et co-fondateur de Wittycloud), qui se veut une nouvelle approche basée sur la collaboration et l’innovation.


Il a donné en guise d’exemple le projet de revitalisation temporaire du métro de Longueuil, où les locaux vacants ont été transformés en studios de création éphémères. Un projet gagnant tant pour les artistes qui ont obtenu de la visibilité que pour la ville dont l’image s’est trouvé revalorisée par cette présence qui détournait les regards de la désolation des lieux en attente de réfection.


Nous étions cinq participants de divers horizons artistiques à cette formation virtuelle. Notre séance de remue-méninges pour trouver des idées originales pouvant s’appliquer à nos propres objectifs n’a toutefois pas été riche en trouvailles. D’où mon commentaire à l’effet que ces principes novateurs percolent encore dans mon esprit, à l’image de l’eau qui passe (dans mon cas: trrrrrrès) lentement à travers le café moulu pour produire ce breuvage prisé. Si vous avez des idées qui sortent des sentiers battus, n’hésitez pas à m’en faire part!


Marbrure numérique


J’ai mentionné dans mon dernier billet ma découverte de l’application de création graphique Procreate pour le iPad. Je suis encore soufflée par ses possibilités, que je suis loin d’avoir encore toutes explorées.


Pour ce faire, je me suis finalement abonnée (après un mois gratuit d’apprentissage frénétique! très mon genre, ça…) à la plateforme Skillshare, dédiée à l’apprentissage en ligne des «créatifs» en tous genres. En plus de Final Cut (devenu «mon» logiciel d’édition vidéo), j’y ai trouvé des cours sur Procreate et l’un d’eux m’a intriguée, parce qu’il portait sur… la marbrure numérique. Disons que je n’aurais pas payé pour celui-là, mais comme mon abonnement annuel n’a pas de limites, je me suis dit: allons voir de quoi ça a l’air…

Vous avez sûrement déjà vu du papier marbré (autrefois souvent utilisé en reliure pour les pages de garde), obtenu grâce à des encres flottant sur de l’eau, mélangées délicatement entre elles afin de créer un effet de veinures. Une feuille vierge est déposée doucement sur la surface, absorbant les motifs ainsi créés. C’est joli, c’est décoratif, mais… ça s’arrête plutôt là.


Avec Procreate, il est possible d’obtenir ce genre d’effet. Voici une petite démonstration rapide:


Comme vous pouvez le constater: l’effet pizza toute garnie n’est jamais loin et il faut savoir s’arrêter! Cela dit, j’ai fait d’autres tentatives à la fois un peu plus élaborées et contrôlées mais ça ne me satisfaisait pas vraiment. Jusqu’à ce que le principe de méta-morphose, que j'ai annoncé en début de billet, s’insinue dans mon esprit: et si je combinais marbrures et morphing d’oreilles???


J’avais déjà fait des tests de textures associés à mes dessins, pas vraiment concluants. Mais cette fois en y ajoutant du mouvement, soit un lent déplacement rotatif… Houlala… Le résultat m’a beaucoup plu!


Je suis tombée sous le charme des couleurs, capiteuses (!), et des ondulations surprenantes qui se marient aux formes incongrues des oreilles. Ces dernières en deviennent… précieuses, mystérieuses, fascinantes. À mes yeux du moins! (Ça doit être mon côté givré…)


Et tant qu’à avoir un frère compositeur de musique électronique**, je lui ai «chipé» (avec son autorisation, évidemment) deux pièces, question de tester l’impact d’un environnement sonore pour mes animations. Envoûtant!



Les mains à la pâte

À travers tout ça, j’ai trouvé le temps de créer une petite oeuvre pour une exposition de groupe, intitulée Voisins voisines, dans une galerie* qui vient de déménager à deux minutes à pied de chez moi. L’organisateur a fait appel à une trentaine d’artistes du quartier (ou qui y ont demeuré) et c’est de justesse que j’ai pu participer (sous promesse d’un petit format, faute d’espace) car il ne savait pas que j’habitais tout près. Je n’avais pas d’idée précise en tête mais une plongée dans ma banque d’images m’a permis d’en repérer une que j’avais mise de côté lors de ma série Béances. J’ai retravaillé mon photomontage, l'ai imprimé puis encadré de manière à intégrer la bordure qui rappelle le fond de mon image.

J’ai trouvé ça bien agréable de renouer temporairement avec le pinceau, la peinture, le crayon de couleur et la colle!


Et voilà que j’apprends que ma pièce a trouvé une acquéreuse! Ça fait chaud au coeur.



Marie Delagrave




Notes

* Voisins voisines à La Clarté-Dieu, 1605, rue Sheppard, Québec, jusqu’au 28 mai 2023

** Les albums d’Éric Delagrave sont disponibles sur les principales plateformes d'écoute en ligne.

 


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