Janvier 2023 est déjà bien entamé et, cette année, je n’ai pas ressenti le besoin (pourtant, c’est bien mon genre) de prendre des résolutions. C’est que j’ai terminé 2022 sur un élan de développement assez inspirant.
Comme je le racontais dans mon précédent billet, j’étais un peu beaucoup confuse quant à la façon d’aborder le montage vidéo et l’animation. Mais je suis quand même passée à l’action. Je suis devenue membre producteur du centre d’artistes La Bande Vidéo. J’ai passé une heure avec le directeur technique de l’organisme afin de débroussailler un peu mes attentes et mes intérêts. Quoique avec encore beaucoup d’interrogations en tête, j’en suis ressortie très stimulée!
J’ai fait une tentative de montage (pour une carte d’anniversaire) avec iMovie, le logiciel intégré aux ordinateurs d’Apple, pour rapidement ruer dans les brancards. Pour une artiste qui a besoin d’exprimer sa créativité, se limiter à positionner du texte seulement au centre, en haut, en bas, à gauche ou à droite de l’écran, c’est tout simplement… une aberration. Moi, j’ai besoin davantage de latitude: un petit peu plus à gauche, ou un peu moins au centre. Bref: de la subtilité, de la finesse, et surtout pas de carcan. Exit iMovie!
Je me suis tournée vers un logiciel gratuit, Hitfilm Express (en anglais, mais avec des tutoriels en français sur YouTube). Je me suis rapidement butée à l’apparence saccadée des images vidéos. La raison? Un processeur graphique insuffisamment puissant, me répond le support technique du logiciel. Moi qui soupçonnais l’obsolescence de mon ordinateur pourtant pas si vieux (2016), j’ai maugréé. Autre essai, cette fois avec Synfig, un logiciel libre gratuit traduit en français, dédié celui-là à l’animation: deux-trois opérations et… voilà que ça gèle. J’ai eu beau quitter l’application, redémarrer l’ordinateur, sans plus de succès. Arghhh!
«Légèrement» exaspérée, je téléphone à Apple. Après un certain dédale, je réussis à exposer mon problème: est-il possible de faire du montage vidéo avec mon iMac actuel??? On me répond gentiment que ce serait possible avec Final Cut Pro (la version professionnelle - et payante - de iMovie), en autant que je ferme toutes les autres applications de mon ordinateur. ...Vraiment???
Heu… non. Je suis trop habituée à travailler avec plusieurs documents ouverts simultanément pour commencer à changer mes habitudes. Allez, hop! Le temps est venu de casser ma tirelire. Une grosse décision pour moi.
Confidence
J’ai toujours craint de manquer d’argent. Ça me vient de mon père. Alors, vous comprendrez que cette insécurité financière n’est pas très compatible avec la vie d’artiste (1). Ajoutez à cela des troubles anxieux et il n’est pas étonnant que je me sois tournée vers un emploi rémunéré par un salaire régulier. Ce qui ne m’a pas empêchée d’économiser toute ma vie!
Alors, après avoir tergiversé, me voilà donc chez Apple et je m’y procure un iMac plus puissant, celui-là doté de 16 Go de mémoire vive (au lieu de 8): houlala, la vitesse, les amis! Ouvrir ma photothèque se fait en un clin d’oeil. Et pas besoin de la refermer pour bidouiller avec Affinity Photo (l’équivalent - beaucoup plus abordable - de Photoshop). Voilà qui augure bien!
C’est dans cet esprit conquérant (et dépensier…) que je décide d’entreprendre l’essai gratuit de trois mois de Final Cut Pro, dont l’acquisition coûte quelques centaines de dollars, alors qu’il existe des alternatives moins coûteuses, sinon gratuites, comme Hitfilm et Synfig. Remarquez: Final Cut revient moins cher qu’un abonnement mensuel à son concurrent Premiere Pro du géant Adobe.
Mais bon: pour faire une histoire courte (!), j’ai décidé de ne pas lésiner, voilà! Et cerise sur le gâteau (tant qu’à y être…): je me suis offert un cours d'initiation en ligne (en français, puisque le logiciel existe dans cette version). Je m’en félicite, car le guide d’utilisation de Final Cut préparé par Apple (la version numérique fait entre 1000 et 2000 pages selon l’ajustement du caractère) est beaucoup trop détaillé - et conséquemment décourageant - pour un débutant dans le domaine.
En quelque sept heures (à part le temps que j’ai consacré aux exercices), le cours du site Udemy m’a permis d’acquérir des connaissances de base. J’aurais bien aimé avoir de temps à autre un regard superviseur au-dessus de mon épaule lorsque je butais sur un «problème», mais bon. Heureusement qu’il y a YouTube et ses nombreux tutoriels (qui sont majoritairement en anglais, par contre).
Je suis ainsi parvenue à créer une carte d’anniversaire animée un peu plus complexe que ma première tentative avec iMovie, tandis que celle des fêtes de fin d’année (qui met toujours mon chat en vedette…) m’a procuré, ma foi, beaucoup de satisfaction. Et ce, en ne travaillant qu’avec des images fixes, que je fais bouger et se transformer. De façon naïve et candide, mais quand même. Je progresse, c’est ce qui importe. J’ai encore beaucoup de croûtes à manger (en fait, une énorme quantité de pains tranchés, pour demeurer dans l’analogie boulangère), mais la flamme (du four!) est bel et bien allumée.
L’importance du scénario
Question de ne pas m’ennuyer pendant mon apprentissage qui se poursuit et qui est loin d’être terminé, j’alterne entre théorie et pratique, cette dernière à partir de mes images. Et comme j’avais déjà évoqué une version numérique de ma murale d’oreilles dans mon billet Ce n’est pas parce qu’on entend qu’on écoute, je me suis mise à la tâche. Et j’ai constaté qu’il me fallait vraiment scénariser mes intentions, vu que je travaille avec le temps, la durée. …Pas si simple, dans la mesure où, en création, j’ai pour ma part l’habitude d’improviser au fur et à mesure que je pose un geste, l’un en «appelant» un autre.
En montage vidéo, oui, il est possible de faire du «copier-coller», de déplacer des séquences, de les intervertir ou de carrément les rejeter. Par contre, les images, les superpositions, les effets et les transitions peuvent s’imbriquer tellement intimement que le «détricotage» du fil d’Ariane tient alors de l’exploit et j’ai dû renoncer à certaines improvisations. En clair: je me suis perdue ici et là dans le dédale de mes expérimentations! Mais n’est-ce pas propre au processus créatif?
Je vous présente donc ici une ébauche vidéo d’une minute quinze secondes (1:15), en deux actes.
Le premier (qui donne le titre à ce billet de blogue) peut faire croire à un problème technique, mais j’ai bel et bien voulu des hachures et des parasites, qui finissent par s’estomper alors que les conversations disparates se conjuguent en un «ôm» (2) harmonique. Une vision optimiste de l’humanité…
Le deuxième acte est plus tristounet et réfère au désintérêt ou au manque d’écoute ou d'empathie, malheureusement trop courant dans notre société nombriliste
Et vous, quel(s) scénario(s) ma murale vous inspire-t-elle? Communiquez-moi vos idées; je serais heureuse de vous lire.
Je ne suis pas la seule…
… à m’intéresser aux oreilles! Il y a quelques mois, un ami designer graphique, dans un élan de ménage de sa bibliothèque professionnelle, m’a offert une petite publication imprimée d’une trentaine de pages. Intitulée heard, la brochure est constituée de courts textes mais surtout… de photos d’oreilles! Ces images sont du designer graphique François Robert, d’origine suisse mais établi depuis longtemps aux États-Unis.
Ça m’a fait vraiment tout drôle de feuilleter ce recueil (que des oreilles gauches d’ailleurs), qui fait la part belle à la diversité du pavillon humain.
Je suis allée voir son site web: la page d’accueil est très… percutante, vous verrez, et malheureusement encore tellement d’actualité...
Pour voir sa collection d’oreilles: https://www.francoisrobertphotography.com/works/heard/
Et Robert propose ici une courte bio bien rigolote (en anglais): https://www.lensculture.com/francois-robert
Bonne découverte!
Marie Delagrave
Notes
(1) Seule une infime quantité de créateurs parviennent à vivre de leur passion. Ainsi, en 2016,
le revenu médian individuel des artistes visuels au Canada était de 20 000 $, soit 54 % de moins que celui de la population active (43 500 $).
Pour en savoir plus:
(2) ôm: Dans l'hindouisme et le bouddhisme, mantra monosyllabique comprenant les lettres a, u, m, et constituant le symbole sonore de l'absolu. (Il est prononcé au début de toute récitation sacrée.) Source: Larousse
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