Lorsque j’ai publié mon dernier billet, j’étais sur une lancée d’écriture dont je comptais bien profiter pour entreprendre la rédaction de celui-ci. Sauf que…
En regardant mon nouveau lot d’images, j’ai «trébuché» sur une vidéo d’«insectes-patineurs» (ou des têtards???) qui m’a obnubilée, au point de… laisser tomber tout le reste.
Quelques semaines plus tard, me voilà un peu penaude. C’est que le montage vidéographique sur lequel j’ai travaillé n’a pas encore abouti en dépit de mes efforts: pas facile, du moins pour moi, de retrouver mes acquis (encore modestes) lorsque j’ai été quelques mois sans toucher à un logiciel complexe comme Final Cut, «vacances» obligent. J’en suis même venue à me demander si cette relâche du travail en atelier en valait la peine, hé oui!, dans la mesure où reprendre le fil conducteur m’est difficile. Mais bon: je sais bien que mon tempérament quelque peu excessif (hum, hum!) tend à occulter tout l’aspect ressourcement qu’apportent le dépaysement et le changement de rythme.
Ainsi, lors d’un court séjour de pêche à la truite dans une réserve faunique en Mauricie, j’ai été captivée plus que jamais par l’eau et ses reflets. J’y ai vu du métal liquide, des formes mouvantes, des lignes fuyantes, hypnotisantes.
Et en présence d'une chute captée au ralenti, c'est tout un jeu de tournoiement et de dentelle mousseuse qui se déploie. Voici deux vidéos (où j'ai inclus des images fixes, pour mieux voir certains détails) qui en témoignent:
Digression. Ce n'était pas la première fois (et certainement pas la dernière) que je captais cette écume. Et il y a quelques mois, j'ai réalisé un montage photographique pour une parente-amie. C'est l'oeuvre qui coiffe le présent billet. J'adore les motifs sinueux qui s'en dégagent et je n'ai pas l'impression d'avoir épuisé la richesse de cette thématique. À suivre!
Magnifique baie Georgienne
Quinze jours en Ontario, dans la baie Géorgienne, ont également stimulé mon index (celui qui actionne le déclencheur...) de photographe et de vidéaste. Que de beautés naturelles! Le lac Huron (une véritable mer intérieure… d’eau douce) est d’une transparence! Les couleurs des roches s'en trouvent sublimées. Et les formations géologiques et les lichens proposent quant à eux de magnifiques compositions abstraites!
Je rêve du jour où les écrans plats seront suffisamment abordables pour qu'on puisse s'offrir, en grand format, des tableaux mouvants (et apaisants...) comme cette vidéo:
Oups!
Notre séjour ontarien devait durer entre quatre et six semaines mais un décès imminent et des problèmes mécaniques nous ont incités à devancer impérativement notre retour. Autant j'avais été réticente à délaisser mon atelier, autant j'ai eu de la difficulté à renoncer à ces bains intensifs de nature lors des randonnées pédestres où ma vue et mon sens esthétique étaient en mode «ouverture maximale». Je suis revenue avec mes «capteurs» encore déployés... et une fragilité émotionnelle inattendue. Mon anxiété existentielle (!), habituellement plutôt gérable, a pris une ampleur déconcertante. Je me suis mise à douter de tout. De ma valeur. De mes relations. De mes projets.
Oh non, pas encore!
Je pourrais passer ça sous silence, je sais, car ce n'est pas très glorieux à afficher. Mais je soupçonne (car les témoignages sont rares) que ce soit le lot de bien des artistes (et des natures anxieuses en général) que de se remettre en question, d'avoir des débordements d'émotivité incontrôlables, d'être happés par des vagues de découragement.
Heureusement avec les années, j'ai pu découvrir des outils fort utiles, plus précisément des livres, des articles, des balados — desquels je compile des extraits significatifs à mes yeux. J'ai donc relu ceux de Joli monstre - Un voyage fascinant à travers l’anxiété, de Sarah Wilson (beaucoup plus «atteinte» que moi: ça console!). Au fil de sept années de recherche à consulter des experts en santé mentale de même que des personnalités affectées, l'auteure a décortiqué le sujet de sa souffrance pour finalement l'apprivoiser, en faire une alliée et même la considérer comme un superpouvoir. Étonnant! (Et réconfortant.)
Puis, un beau «hasard» m'a fait écouter un balado de Ten Percent Happier (un site web et une app que j'adore), The Science of Joy: Why You Need It and How to Get It, avec Ingrid Fetell Lee. Ouf! La deuxième partie m’a particulièrement interpelée, alors qu’il y est question des killjoys, ce qui tue la joie, comme (en ce qui me concerne)... le perfectionnisme, le critique intérieur, la peur que le moment heureux disparaisse (et ne revienne plus jamais). Assez troublant!
L'auteure observe que nous avons tendance à mettre des conditions au bonheur:
« I will be happy when…»
Ce qui se traduit pour moi par: je serai heureuse lorsque (au choix) je serai sélectionnée pour une exposition collective au musée/j'aurai une exposition solo dans un lieu qui m'offrira un cachet d'artiste/j'aurai une bourse de création du Conseil des arts et lettres du Québec/je serai sélectionnée pour effectuer une résidence d'artiste à l'étranger...
Évidemment, ce sont des objectifs difficiles à atteindre (beaucoup d'appelés, peu d'élus). Pas autant que de gagner le million à la loto, mais quand même. Est-ce à dire que je ne serai jamais heureuse?
Mais judicieusement, Lee rappelle que (c'est moi qui souligne):
«Joy is a motion.»
Une façon d'être au monde, dans la reconnaissance de ce qui est déjà là. Et moi, j'ai la chance, le privilège, d'être habitée par la passion de créer, d'apprendre et d'expérimenter. C'est cela qui doit m'habiter. Pas l'anxiété de performance!
Bon, assez d'épanchements! Mon prochain billet sera vraisemblablement un bilan de trois formations suivies cet automne. Et je serai en attente fébrile de la sortie d'un nouveau logiciel, Procreate Dreams, qui promet - rien de moins - de révolutionner la façon de faire de l'animation vidéo, en la rendant plus intuitive. ...Je ne demande pas mieux!
Marie Delagrave
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